en réponse à Le box-office : Une idée fixe! envoyé par LaurentM le 12 février 2002 à 10:15:43:
Tu ne te trompes pas. Je ne pourrais pas vivre sans le cinématographe. C'est aussi simple que cela. Et y a des gens qui vont voir un film comme ils iraient jouer aux flechettes. Bon, ben on sera jamais dans le même monde, c'est sûr. Le cinéma (et de plus en plus, d'autres formes artistiques) est perçu par un nombre incalculable de gens comme uniquement un loisir et non comme un contact priviligié avec une oeuvre d'art. Bien sûr, le cinéma est, dans son essence, contrairement à l'écriture ou la peinture, un art collectif. Avec comme socle une industrie... à part certains films expérimentaux faits avec trois bouts de ficelles, mais, qu'on le veuille ou non, les chefs-d'oeuvre de l'histoire du cinéma (mais qui sait, ça changera peut-être ??) ont été des films faits avec au moins un minimum de moyens, de travail d'équipe... Il n'empêche que la perception du cinéma (et j'ose le dire, de l'art en général) par les gens devient de plus en plus superficielle... Et que je me demande franchement ce que les jeunes générations vont garder comme "cinéphilie" avec la merde qu'on leur propose souvent... Alors après ça te fait des individus qui sont morts de rire à la vision des sublimes Parapluies de Cherbourg de Demy lorsque le film est étudié en classe (je le sais, je l'ai lu, c'est Ozon qui en parlait dans un numéro de Repérages), mais qui sont sérieux comme des papes devant une merde américaine ou française genre Fast and furious ou Taxi. Voilà la cinéphilie de l'avenir... Aucun film vieux de plus de dix, quinze ans (quand c'est pas carrément des films qui sont pris par des esprits "simples" -pour être poli- pour ce qu'ils ne sont pas du tout, comme le Scarface de De Palma... Faudra peut-être que j'écrive quelque chose là-dessus un jour...); pas de film en noir et blanc surtout (ça fait peur !), la VO pour des sitcoms mais surtout pas pour des films... Et jamais de films (quasiment, sauf exception genre In the Mood for love ou Tigre et Dragon) autres qu'américains ou français... Triste. La vérité, c'est que plus personne ne veut faire d'effort. Pour aller vers l'art. Certains voudraient que l'art soit à genoux devant eux... Et d'autres... L'inverse ? Y a un juste milieu. J'y crois. Céline, dans une lettre, dit un truc qui me fout les boules: "La Connerie est reine du monde... Que veux-tu y faire ? S'incliner...". Mais moi j'ai pas envie. Résigné, je ne le serai jamais. Et je sais que je ne suis pas le seul, même si il y en a "few of us"...
A.