Le coup de foudre n’est pas une pulsion. Le coup de foudre n’est pas une tension. Le coup de foudre n’est pas une tendance. Le coup de foudre n’est pas une décision. Le coup de foudre n’est pas un goût, une affinité, ni une volonté. Il n’est pas un existential. Il ne vient de rien, ne se prépare pas,ne s’attend pas,ne procède ni d’un sentimentalisme rêveur ni d’une lubricité intéressée ;le coup de foudre est avant toute chose et comme tout chose,comme tt ce qui est,un fait,avant qu’on y songe à y fourguer du langage,de la littérature et de la pensée ;s’il est un affect,et il l’est,il est celui auquel absolument tout tend,non seulement tous les affects ne tendent qu’à celui du coup de foudre et n’en sont que des nuances dégradées,mais l’univers tout entier devient l’affect du coup de foudre ;le coup de foudre est la justice la plus juste du monde,quand bien même est-elle la plus injuste et la plus aléatoire,rare et privilégiée,quand bien même doit-elle sacrifier et jeter par dessus bord toute la misère et l’horreur du monde ;car seul le coup de foudre se trouve justifier absolument le monde. Le coup de foudre justifie absolument l’horreur et l’injustice du monde ,quelles qu’elles soient ;le coup de foudre justifie l’existence du monde du monde tel qu’il est en anéantissant en lui non seulement toutes les causes injustes du coup de foudre,mais en aneantissant toutes les causes injustes de l’injustice et de l’horreur parce que le monde entier n’existe que pour l’instant du coup de foudre qui le justifie plus que toute autre justification ;la finalité du monde n’étant ni dans les au-delas des croyants de jadis ni dans son assomption politique d’aujourd’hui mais dans le coup de foudre,le seul anéantissement qui se justifie, la seule assomption du monde existant qui existe authentiquement dans ce monde sans avoir à se justifier, parce qu’elle justifie le monde, justifie l’injustifiable ;même les plus passionnés des amants ne connaissent rien s’ils ignorent le coup de foudre ;d’ailleurs tout ce qui n’est pas coup de foudre ne mérite pas de vivre et le sait ;les chefs-d’œuvre les plus absolus de l’art,de la musique,de la poésie,ne sont rien pour le coup de foudre,lui furent-ils tout,non qu’il les oublie,mais il les brûle dans le coup de foudre,il utilise celui-ci comme un bûcher que tout doit alimenter ;quant à parler de politique,de travail ou de non-travail,le coup de foudre s’en fout ;le coup de foudre a lieu comme la grâce injuste et pourtant méritée ;et c’est pourquoi ce sont surtout ceux qui n’auront jamais cru au coup de foudre, qui mériteront le coup de foudre parce que leurs vies auront toujours été à la hauteur ;et celui ou celle qui éprouve le coup de foudre,le vrai,connaît le centre même de l’existence (…….)
Extrait de Society par mehdi belhaj kacem ;.éditions tristram.