L'emploi du temps :

envoyé par Mushroomette le 29 novembre 2001 à 21:46:16:

Une chanson de Bertin, en sourdine : « La lampe du tableau de bord c’est mon étoile du Nord je vais très loin... »
Les trajets en voiture, la nuit la confiance en sa connaissance des lieux, le jour aussi où on s’autorise des courses avec les trains… En musique ou dans le silence... Le trajet.
Combien de personnages s’évadent aussi gentiment mais sont toujours repris pour finir : Robert Avranche, David Locke, Ferdinand Griffon... J’ai vu trop peu de films on dirait. Lu si peu...
Pourtant l’impression de déjà vu en suivant l’histoire de Vincent : peut-être parce que c’est la mienne aussi, à faire semblant toujours ? Faire semblant d’être joyeux aux fêtes, triste aux enterrements, révolté par l’injustice ou enthousiaste devant la moindre manifestation de création, toujours dans la représentation. Faire semblant. C’est ça ou se battre violemment à chaque rencontre. Joute physique ou verbale, mais joute. Quelque chose d’invivable en somme.
Donc, toujours sur la brêche, sur le compromis entre l’autre et soi, rester à l’écoute de l’autre sans se laisser dévorer, et calmemnt, sans passion, détaché, avec ce qu’il faut d’affect pour s’intéresser à l’autre, suffisant de distance pour ne pas tout prndre trop au sérieux.
Tout le travail d’un être enfin parvenu à l’âge adulte.
Combien d’adultes autour de nous ?
Le petit bonheur de Vincent ne tient que lorsqu’il est seul, isolé des autres : aucun conflit à régler alors. Et il pourra à loisir admirer les montagnes et les ciels et les lacs et les nuits. Maigre autosuffisance. Beaucoup trop maigre. Régression totale. Car l’homme est celui qui par ses pensées et ses actions change le monde et se change lui-même à son contact. Évolution simultanée de la maison et de chacun de ses habitants.
L’emploi du temps : une mise en garde contre le refus de grandir, d’évoluer, de s’affirmer homme enfin ? Comme Nana affirmait si bien – mais sans comprendre : Je suis responsable !
Mais qu’on regarde autour de nous : que d’embûches pour parvenir à ce stade ! Et la tentation des évasions mystiques est grande elle aussi, mais que nous proposent ces religions sinon un repli sur soi, et un refus de la mort ?
« Il est toujours très tard et c’est toujours la nuit qui tombe. »
Je regardais Dieu sait quoi l’autre jour. Une idée en passant, dans le bouche de Lonsdale : agir sans crainte, comme si on vivait là nos dernières heures, et aussi comme si on avait encore la vie devant soi. Une certaine forme de sérénité. Mais c’est un travail difficile, et la difficulté rebute.

C’est très confus tout ça, évidemment. Et maladroit. Mais on peut espérer qu’une confrontation des idées peut mettre un peu d’ordre dans tout ça.
¡ Patientia !

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