en réponse à amélie envoyé par matthieu le 12 juin 2001 à 21:26:36:
Je ne vois pas de débat entre la "plèbe" et "l'élite" au sujet d'Amélie, en tout cas, je ne me situe pas à ce niveau en ce qui concerne ce film, ou à un niveau "sale" (?). Je ne nie pas que ce film ait des qualités mais il me semble que ses défauts (bons sentiments dégoulinants, personnages stéréotypés, esthétique publicitaire, recherche du bon "mot d'auteur", etc)l'emportent sur l'ensemble. Je ne mets pas forcément Carax et Rimbaud au-dessus de tout, j'aime des tas d'autres poètes(et des cinéastes), même des "tendres" (Hugo, Verlaine, Eluard, Desnos...), mais il me semble hallucinant que l'on évoque la poésie à propos d'un film qui pourrait avoir à chaque scène un gros clignotant, un panneau avec écrit dessus "attention, poétique" alors que la poésie, c'est quelque chose de pas forcément risqué, bien sûr, ou en tout cas austère, mais quelque chose de subtil, ça, ça me semble évident. Si on doit rentrer dans les détails, je peux dire que Renoir est l'un de mes peintres préférés et que le regard de Jeunet sur ce peintre est complétement creux, que je trouve le casting épouvantable (cf. la fadeur de Kassovitz et Tautou, l'insupportable cabotinage de Jamel...), que tout est fait pour racoler en utilisant ce qui est à la mode (Kassovitz et Jamel, l'esthétique hystérique -des sketchs de pubs, encore une fois- au montage ultra rapide et aux cadrages "décalés", la référence à Lady di, etc), que je ne connais pas une seule grande oeuvre cinématographique qui serait à ce point là phobique sur le sexe et le physique des gens, tout en enjolivant autant le réel (Fellini, c'est quand même autre chose), etc...
Le cinéma poétique, pour en revenir à ce sujet, c'est aussi bien Tarkovski que Kiarostami, parfois Jean Renoir, Godard, ou Carax, mais ça n'est pas une navrante suite de pubs à cent à l'heure (Carné, parfois évoqué quant à Amélie, ne filmait pas n'importe comment dans tous les sens).
Quant à la valeur littéraire de la phrase citée dans le film comme étant celle du personnage de l'écrivain, j'ose même pas en parler tellement c'est consternant.