en réponse à Re: Bad Blood et Leos sur la lune envoyé par Aliocha le 13 février 2002 à 16:47:52:
Pour ce qui est du "son" de Mauvais-sang (et même des Amants ou de Polax, c'est idem) c clair qu'il y a un réel travail d'effectué, l'envie de nous rendre présent au scène, aux personnages, des murmures des chuchotements...et en cela le travail de Carax est effectivement proche de celui de Lynch. Se sont 2 cinéastes "sensoriels", travaillant sur les sens...
Quant aux émotions dont tu parles lièes à l'enfance...Pour Mauvais-sang, c'est évident, Lavant est comme un "enfant fou", dont le corps et la présence au corps lui échappe un peu...Alex est le penchant "négatif", sur la pellicule de Carax, et dans le cinéma de Carax plus que dans celui de n'importe quel autre cinéaste actuel, il y a des expériences vécues, des souvenirs à lui, c'est évident.
Pour revenir sur les chansons de Reggiani et celle de Bowie, celles-ci (parmis tant d'autres évidemment) constituent une infime partie de l'univers musical du "jeune" Carax. Donc évident qu'on les retrouvent dans Mauvais-Sang plutôt que dans les Amants ou PolaX.
Pour la scène de Lost Highway, qui me semble être LA scène "solitaire" du film, qui vient juste après la "transformation" (c'est pour faire court hein...), pendant la période d'hébêtement de Pete, comme un enfant qui venait de naître puis les retrouvailles avec la cellulle familiale c'est vrai qu'il y a quelques chose de fort qui survient dans notre esprit et qui me semble effectivement lié à l'enfance, à ce que l'on perd au passage à l'âge adulte... Mais autant Carax en à fait un des thèmes réccurents de Mauvais-Sang ou B m G chez Lynch...c'est plus "murmuré", ou bien juste abordé, peut être de manière moins directe. Pas le hasard si les "parents-enfants" de Pete Dayton ont cette allure à la Sailor et Lula, un peu "échappé du rock'n'roll" quoi... Des grands enfants dont on se demandent s'il comprenne ce qui se passe pour leur enfant, qui est, pour le coup, dans un réel plus adulte que la réalité de sitcom et limite aphrodisiaque (je pense à la séquence dans le jardin) de la vie sociale, (la séquence avec les amis, la petite amie, et de sa vie familiale. Alors oui, je vois ce qu tu veux dire en rapprochant les deux...je n'avais pas fait le rapprochement...Mais il y aeffectivement l'envie des "maîtres à jouer" de ces films la volonté de se référer au souvenirs, à l'enfance... En fait tu as dit ce qu'il fallait : "Pas tristesse, non, mais un peu la même petite voix ".. Voilà, c'est ça... Ces voix de cinéastes qui, chacun à leur manières, font passer, ressentir, un message pas forcément flagrant dans les images... Des idées ou des impressions qui "transpercent" l'image et le son, comme des idées flottant, naviguant autour de votre esprit sans jamais vous appaître clairement devant les yeux.
Et tant mieux que l'on ne nous mâche pas tout! Sans doute pour cela que l'on aime, entre autre, le cinéma de Carax et Lynch non?
Deux cinéastes sensoriels voilà quoi, maîtrisant toutes les données (complexes) du 7ème art...