Triste décompte...

envoyé par LaurentM le 04 février 2002 à 21:49:00:

en réponse à Un conte triste envoyé par Aliocha le 03 février 2002 à 22:37:03:

Au premier abord, A.I m'a laissé perplexe. " Aïe ", me suis-je dis. Qui est l’auteur de cette œuvre visiblement ambitieuse mais également, assurément bancale. Un Steven Spielberg converti au " Kubrickissme " ou un film de Kubrick réalisé par un tâcheron de l’industrie Hollywoodienne à la bonne haleine ? Même si tu m'a éclairé sur ce point...il est tout de même difficile d’appréhender et de jauger ce film bicéphale dans la mesure où l’on ne connaît pas le degré de travail réalisé au préalable par Kubrick, et qu’il est délicat de connaître véritablement la part de liberté dont disposait Spielberg dans la réalisation. Avait-il carte blanche pour interpréter et remodeler le "scénario" de Kubrick ? Ou bien a t-il respecté scrupuleusement la moindre indication du " maître " ? A première vu, et comme tu me le dis, il semble bien que la première hypothèse soit plus que probable.
Pourtant AI débute plutôt bien je trouve : Mise en place du discours de manière propre et délicate, personnages correctement présentés, juste équilibre entre le visuel (ni trop, ni trop peu chargé) et la trame centrale du film : L’intelligence artificielle. Un cinéma séduisant, digne, ample et même...majestueux. Mais où est donc passé le si commun cinéma du petit Steven ? Des questions extrêmement intéressantes sont posées d’emblée quant au statut social de ces " mécas " et les difficultés de cohabitation entre deux espèces issues de deux dames natures différentes. Là où Kubrick aurait certainement réalisé une immense fable poétique de réflexion sur la coexistence de l’Homme et de son égal électromécanique au sein d’une même société ; bref, sur la raison d’être ou non de l’intelligence artificielle, Spielberg ne démontre, lui, qu’une seule chose : Il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir réfléchir, et encore moins de réaliser un film sur l’intelligence artificielle. On est bien loin du féerique Ghost in the Shell… Alors, au bout de trois quart d'heure de film au demeurant intéressant mais où il conviendrait de mettre les pieds dans le plat et de répondre aux questions posées, le petit Steven se réfugie dans sa sacro-sainte maison du divertissement pour enfant. Naïf et désobligeant. Mais c’est tellement rassurant de se réfugier à la première peur derrière sa maman. Ensuite, pendant une heure et demi, tout est prétexte au déploiement d’une pyrotechnie, certes réussi, (décors, personnages., effets numériques…) mais aussi inutile que vaine. Quant à l’épisode final… L’arrivée d’extra-terrestres (symbiose entre les Roswell d’X-Files et un Footix dépressif) cela dénote au moins une chose : Spielberg ne manque pas d’humour. En tout cas, moi, j’ai beaucoup ri. Mais c'est vrai que comme tu le disait, si l'on lit le film à travers ce qu'aurait éventuellement pu en faire Kubrick (où en arrive t'on...), qi l'on cherche à savoir comment Kubrick aurais utilisé ce matériaux...oui, cela est alléchant. Mais je préfère me replonger dans les atmosphères envoûtantes de Blade Runner ou Ghost in the Shell...
En fait, ce qui me gêne véritablement, je crois, c'est que les "bonnes" idées viennent de Kubrick et cela se ressent.
Au final, A.I est une commande d’un cinéaste de sang froid, un auteur, dont l’œuvre foisonne de thèmes philosophiques plus passionnant les uns que les autres, mais réalisée par un dénommé Steven Spielberg, réalisateur reconnu et estimé, mais aux motivations et goûts cinématographiques complètement antinomiques à celle de l’initiateur, du penseur de l’œuvre. Résultat : Un film bicéphale, comme un corps devant supporter le poids de deux cervelles se disputant les commandes de la machine. Les articulations ne sont pas en accord et ne répondent pas aux directives de l’esprit. Cela sonne comme l’échec d’une greffe improbable du cerveau d’Einstein sur le corps d’un primate. Là question est… Mais qui donc dans le rôle du primate ?:-)
Avec le recul, je me dis que si je prends A.I comme un film de Stevent Spielberg, je ne peux pas véritablement être déçu, mais...voilà quoi, l'ombre de quelqu'un mort les yeux bien fermés planent au-dessus de tout ça...

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