Re: Contre "les cahiers"

envoyé par Aliocha le 25 janvier 2002 à 17:31:18:

en réponse à Contre "les cahiers" envoyé par spontex le 25 janvier 2002 à 12:36:18:

Cher Spontex, tu m'en demandes beaucoup... Ce que j'écris par rapport à ma colère concernant ce que les Cahiers deviennent de plus en plus est souvent du domaine de l'impulsion, j'aurais peut-être du mal pour mettre tout ça bien en ordre... Tu sais, ça pourrait d'ailleurs tenir en quelques lignes, principalement:
défense un peu délirante de séries B américaines (je sais que les Cahiers de la grande époque faisaient ça, et parfois, même aujourd'hui il y a des bons films -Carpenter, par exemple-, mais peu importe, c'est souvent excessivement enthousiaste pour pas grand chose finalement) ou asiatiques comme si c'était des chefs-d'oeuvres éternels (Tsui Hark, par exemple, j'ai vu un morceau de son "Zu" l'autre fois, bon, ok, y a quelques idées visuelles intéressantes, mais quand même, c'est d'un niveau mental limite attardé), Pages gaspillées à parler de série télé -qui ne sont jamais, peut-être à part des monuments feuilletonesques comme Le Prisonnier ou Twin Peaks, que des produits batards guidés quand même qu'on le veuille ou non par la recherche de l'audience-, quand c'est pas des jeux vidéo -entendons nous bien: j'ai rien contre les jeux vidéo, mais qu'est-ce que ça vient faire dans une revue de cinéma ? Je maintiens que ça n'a pas sa place dans les Cahiers -ou carrément un article sur un sport improbable vu sur le satellite ou comble du comble une page sur une "fascinante" présentatrice du Satellite (pur délire narcisso-pignolistique)!!... Tout ça est dans les numéros récents ou qui sortent depuis environ un an. Et puis, y a la politique et le fait de laisser Chahine -un cinéaste d'une médiocrité si évidente, mais apparemment intouchable- balancer son fiel anti-américain et anti-juif tranquillement dans une interview. Et puis la politique dans les textes au début des numéros signés Thierry Jousse... Dans une revue de cinéma, je ne vois pas ce que ça vient faire le fait que Jousse trouve remarquable la façon qu' a Ben Laden d'apparaître et de disparaître à la télé... Oh, Jousse, Ben Laden, c'est pas Dark Vador ou Fantomas, réveille-toi, coco ! On se fout de son savoir-faire médiatique... ça me fait gerber, qu'un journaliste ciné perde son temps à parler de telles ordures, dans des termes plutôt ambigüs. A quand une page d'humour collabo genre Guignols ?
Et puis y a les délires dans les listes des meilleurs films de l'année: en quelques années, on a vu Charlie et ses droles de dâmes, Granturismo -jeu vidéo!!!!-, Loft story -là, ça dépasse tout-, des épisodes de série... Vraiment n'importe quoi (heureusement qu'on a vu Pierre ou les Ambiguïtés dans une liste pour 2001... Il triche, le mec, car c'est de la télé, mais ça a au moins le mérite d'être un geste de caraxien convaincu ! ).
Et puis y a un truc dans le dernier numéro qui m'a fait bondir, en tant que Corse. Certes, c'est pas grand chose, mais bon: dans une critique -Le peuple migrateur, film dont je me fous en plus-, un critique se permet une phrase assez hallucinante: "N'a-t-on pas suffisamment dit et répété tout le mal qu'il faut penser des polyphonies corses (...)?". Analysons. "N'a-t-on pas suffisamment dit et répété". "On" ? Qui ? quand ? Pourquoi ? dans quel journal ? Puis: "Tout le mal qu'il faut penser des polyphonies corses"... Je suis pas un fan absolu de la musique de mon île, mais bon, qu'est-ce que ça veut dire, ce mépris pour une forme d'expression artistique très ancienne dans son ensemble -pas un groupe, pas un nom, non, non, toutes les polyphonies corses!-, qui a eu du mal à traverser les siècles pour plein de raisons culturelo-politiques, qui constitue l'âme d'une histoire, d'un territoire, d'une culture, d'un peuple éventuellement ? C'est marrant, tout le monde s'extasie sur le rap, sur la musique orientale, arficaine, mais alors là, hop, la musique traditionnelle corse, on peut y aller, on démolit sans nuances ! Apparemment, certaines minorités et leurs formes d'expression sont moins intouchables que d'autres. Politiquement correct, quand tu nous tiens...
Donc, pour résumer, je ne connais pas trop les Cahiers de la période mythique où y avait les futurs cinéastes de la nouvelle vague, mais je crois qu'ils n'auraient jamais écrit de telles conneries. Dans les années 80, 90, quand les Cahiers se sont ouverts au cinéma américain qu'ils avaient boudé par délire idéologique dans les années 70, il y a eu de très bons papiers sur Kubrick, sur Cimino, par exemple... Mais bon, y aussi le problème De Palma. J'aime beaucoup ce cinéaste, mais je sais admettre qu'il puisse se planter quelques fois... Or, pour les Cahiers, on dirait que Mission to mars, ça vaut Blow Out ou Carlito's way ! Ah, non, les gars, soyez plus objectifs ! C'est comme ce mépris absolu pour Angelopoulos depuis quelques années... Ridicule ! Et ils passent à côté d'une merveille comme Songs from the second floor de Roy Andersson, tout en encensant Pearl harbour ou Driven avec Stallone ! Et puis y a le copinage évident pour quelques cinéastes... La liste est trop longue... Du style Danielle Dubroux... La qualité du cinéaste n'est pas en cause, mais ça sent vraiment trop l'amour programmé. Certes, on pourra dire que Positif est comme ça avec Tavernier, mais au moins, eux, ils aiment Esther Kahn ET Songs from the second floor... Les Fleurs de Shangaï ET Angelopoulos... Enfin, voilà quelques pistes, quoi, cher spontex, si ça peut t'aider... Faudrait peut-être que j'approfondisse, mais je suis un brin flémard ces jours-ci...
Bye!
A.

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