en réponse à Le gout de soi envoyé par Laurent le 28 mars 2000 à 13:45:01:
A propos de Pola X,
Un film, comme on dirait une ville, un pays, un monde, un univers. D'ici, d'avant, d'hier, d'aujourd'hui, vers demain. Une sorte de cercle vicieux.
Sa force est si franche qu'elle traverse les acteurs, ne leur laissant qu'une apparence, vaguement ectoplasmique.
Autrement dit, la dimension de ce film est intemporelle, son message authentique pour des générations et l'on ressent avec un certain malaise le décalage physique des acteurs forcément marqués et limités par le temps, mortels. Ils ne sont que les éléments conducteurs d'une force de la nature inouïe... des fils conducteurs, pris au sens de lien, mais aussi de disciples, de descendance.
Et la foudre les traverse, les visite, les transforme et les rend justes. Humbles.
Tagédie humaine.
Et Carax manie les éclairs de génie tel un Vulcain de chair et de sang, inspiré.
On vibre de cette vision aussi intensément que la terre tremble sous les déflagrations du tonnerre, des guerres. On ne peut qu'en ressortir vivant. Lucide par la lumière...
Ceux qui ne le comprennent pas aujourd'hui ont encore à commencer à vivre.
PS
Petite note que j'ai lovée entre les pages d'Hermann Melville :
"Ce n'est pas un film, c'est la vie qui passe le mur du son...dans le noir"