Boy Meets Girl

Boy Meets Girl est le premier long métrage de Carax. On ressent la nécessité qu'il y avait à le faire. Beaucoup des images qui ont dû hanter l'auteur pendant de longues années sont là, comme le dessin de Paris sur le mur, jalonné des choses qui comptent, de premières fois, l'obsession du flipper, les noms des personnages, le Pont-Neuf déjà, et surtout l'incommunicabilité.
Alex enfermé dans sa bulle "d'autiste bavard" ; les sons et les images ne sont pas forcément synchrones, ni dans l'espace, ni dans le temps. On traverse cette nuit et la non-rencontre entre Alex et Mireille comme un rêve. Et si on en avait déjà fini avec la vie ?
C'est ça la jeunesse d'un artiste, je crois. Accumuler pendant un temps infiniment long des images, des imaginations, des sons, des impressions fortes, si fortes qu'elles nous étouffent. S'y emmêler, s'y perdre, manquer en mourir, et enfin mûrir. Réaliser sa première oeuvre. Enfin s'unifier un peu et mettre de l'ordre dans son foutoir...
Le film commence avec la musique de Gainsbourg. Je suis venu te dire que je m'en vais. En effet. S'en aller un peu des paysages intérieurs pour arriver à les concrêtiser par l'oeuvre d'art, ou sinon, mourir.
C'est le moment où on est confronté à son aptitude à faire. Saura-t-on utiliser les techniques voulues pour sortir tout cela ? A-t-on l'envie suffisante de le faire pour y arriver ? Il ne suffit pas d'avoir du savoir-faire. Il ne suffit pas d'avoir les images dans la tête. Il faut surtout arriver faire se rencontrer les deux.
In meets Out ?

Générique

 

Critiques

L'excellente critique de Serge Daney dans Libération.

Quelques critiques en anglais trouvées sur la toile

Dis, quand reviendras-tu
-Barbara-

Voilà combien de jours, voilà combien de nuits,
Voilà combien de temps que tu es reparti,
Tu m'as dit cette fois c'est le dernier voyage,
Pour nos coeurs déchirés c'est le dernier naufrage,
Au printemps tu verras je serai de retour,
Le printemps c'est joli pour se parler d'amour,
Nous irons voir ensemble les jardins refleuris,
Et déambulerons dans les rues de Paris,

Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe
Ne se rattrappe guère,
Que tout le temps perdu
Ne se rattrappe plus,

Le printemps s'est enfui depuis longtemps déjà,
Craquent les feuilles mortes, brûlent les feux de bois,
A voir Paris si beau dans cette fin d'automne,
Soudain je m'alanguis, je rêve, je frissonne,
Je tangue, je chavire, et comme la rengaine,
Je vais, je viens, je vire, je tourne et je me traîne,
Ton image me hante et je te parle tout bas,
Et j'ai le mal d'amour et j'ai le mal de toi.

J'ai beau t'aimer encore, j'ai beau t'aimer toujours,
J'ai beau n'aimer que toi, j'ai beau t'aimer d'amour,
Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir,
Je ferai de nous deux nos plus beaux souvenirs,
Je reprendrai ma route, le monde m'émerveille,
J'irai me réchauffer à un autre soleil,
Je ne suis pas de celles qui meurent de chagrin,
Je n'ai pas la vertu des femmes de marin.

Extrait de la revue CHORUS du printemps 1998, n°23, consacré à Barbara.

Le 11 février 1990, RTL consacre son émission Grand Format à Barbara. On y entend une sorte de court métrage sonore, signé Leos Carax, où le chant de Barbara croise la voix du cinéaste. En voici le texte. et si les mots seuls ne peuvent recréer la force de cet extraordinaire moment de radio, ils demeurent magnifiques. Comme une lettre d'amour.

"Toute ma vie, la voix de Barbara vibrera près de moi. Tout autour et dedans. C'est une voix qui m'a rejoint dans la petite enfance. Plus tard, mes premiers amours se sont pôrtés sur des filles qui, toutes, aimaient cette voix du même amour d'enfance que moi. C'était un drôle de hasard. Je peux même dire que je dois à la voix de Barbara ma première liaison sérieuse.
La jeune fille dont il s'agit vivait alors avec un autre garçon. Ce garçon avait du ressentiment chaque fois qu'elle posait l'une des galettes noires de Barbara sur la platine, un peu à la manière du jeune amoureux qui est jaloux des copines d'enfance de son amoureuse. Et voilà que je suis apparu dans le décor. J'ai dit à la fille : "Venez chez moi, toutes les galettes de Barbara s'y trouvent, je les ferai tourner pour vous. et ensemble, nous les écouterons."
Depuis, le temps a passé. Comme il arrive souvent, la fille n'est plus là, mais j'ai toujours les galettes noires, et jamais je ne les échangerai pour leurs versions laser, parce que les souvenirs, ça ne se nettoie pas... Avant de finir, je dirais que la voix de Barbara m'est indipensable, comme d'autres voix d'autres femmes de ce siècle... Je regrette seulement que l'on puisse embrasser des mains, des joues, mais que jamais baiser ne se posera sur un regard ou une voix..."